Oh Lord, Why can't I keep my big mouth... Yttling Jazz

April 8, 2006

Infratunes

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ll importe à Björn Yttling de produire un jazz viril, dur à cuire – et même, couillu. Avec son octet, il a de quoi faire le long de neuf morceaux sans temps morts, le plus souvent frénétiques (Tokyo Hatt, Mr Sofistication at the Looser’s Club), parfois calmes et étranges (Det Egentliga Västerbotten), parfois mécaniques et presque surréels dans leur transparence mélodique (Konstant Krease, que Björn Yttling qualifie de Drum-Machine-Jazz). En tous cas un album qui, s’il n’est pas sans défaut, plane loin au-dessus d’un groupe comme le Esbjörn Svensson Trio qui s’essaie parfois à la même approche.

Au cœur de la musique de Björn Yttling, il y a le piano de notre homme et le vibraphone de son compère Mattias Stål. Les saxophones alto et ténor et la clarinette basse de Per “Ruskträsk” Johansson, Nils Bergh et Fredrik Nordström viennent donner son nerf à la musique (Yttling Jazz #1) pendant que la section rythmique soutient de violents efforts en continu (Mr fistication at the Looser’s Club), dans le dialogue et la sarabande jamais interrompue.

Homme du nord mais pas homme du froid, Björn Yttling aime citer ceux qu’il appelle ses héros, Charles Mingus (pour les basses hard-bop surmusculaires), Nino Rota (pour l’ambiance aigre-douce), Lalo Schiffrin (pour la tension dans la répétition et la qualité cinégénique de la musique), Duke Ellington, Ornette Coleman, Don Ellis, Lars Gullin, Ennio Morricone (voir Lalo Schiffrin, écouter Det Egentliga Västerbotten et ses cordes synthétiques mélancoliques et, d’un seul coup, se rappeler la scène d’ouverture d’Il était une fois dans l’ouest), Joe Meek, Jan Johansson.

Quand il cite moins, Björn Yttling est parfois moins à l’aise et un manque mélodique se fait entendre là où la mélodie, justement, est recherchée de toute évidence (Between Two Stools ou encore Det Egentliga Västerbotten, obsédant au début, étouffant à la fin). Un petit manque d’originalité qui n’est pas non plus un manque de personnalité et qui n’empêche pas cet album de garder un tonus nerveux et musculaire (c’est le muscle qui est en jeu dans cette musique, même pas le souffle, même pas le corps – des nerfs, du muscle et des harmonies pour adoucir le tout) évident – et bienvenu.